Pourquoi revient-on à la teinture végétale ?

Pourquoi revient-on à la teinture végétale ?

par KIND STUDIO

Plus qu’une tendance, la teinture végétale s’inscrit dans une véritable démarche vers une mode vraiment responsable. Cette façon de teindre des vêtements n’est pourtant pas nouvelle. Il s’agit même d’un savoir-faire ancestral, invisibilisé au profit de méthodes synthétiques et industrielles, pourtant souvent dangereuses pour les humains et les écosystèmes. Pour notre dernière collection, la teinture végétale revient chez Kind Studio. C’est l’occasion de faire le point sur ce procédé presque oublié. 

Une brève histoire de teinture végétale

Les premières traces de teinture végétale remontent à environ 5000 ans. Certaines fouilles archéologiques ont permis de découvrir des fragments de tissus colorés, probablement à l’aide de plantes, d’insectes ou de champignons. Durant l’Antiquité, la teinture végétale était un véritable savoir-faire. Après tout… Il s’agissait de la seule manière de teindre un textile !
Au Moyen-Âge, les teintures végétales se répandent en Europe, particulièrement en Italie, en France et en Allemagne. La garance (plante offrant le fameux rouge des uniformes militaires français du 19ème et début du 20ème) se voit même recommandée par Charlemagne.
A partir du XVIIIème siècle, les colorants d’origine minérale font leur apparition et offrent des axes de réflexions scientifiques sur des procédés de teinture synthétique. Peu à peu, la teinture végétale est remplacée par celle-ci : moins coûteuse, plus facile à reproduire en masse et plus fiable. Mais aussi écologiquement et socialement désastreuse. La révolution industrielle signe le glas de la teinture végétale qui est peu à peu invisibilisée… Jusqu’à aujourd’hui !
Cela dit, il y a certains pays où la méthode de la teinture végétale a continué à être transmise et maintenue, considérée comme un véritable savoir-faire artisanal à préserver. 

L’Inde, spécialiste de la teinture végétale

En Inde, depuis des centaines d’années, des plantes comme l'indigo*, la garance, le curcuma et le henné sont utilisés pour créer des motifs et des couleurs sur des tissus naturels comme le coton, la soie ou le lin. 
Aujourd’hui, l’Inde relève le défi d’une semi-industrialisation du processus de teinture naturelle des textiles, tout en respectant ce savoir-faire. Respectueuse de l’environnement et de l’être humain, la teinture végétale est à regarder de près.
*Vous avez certainement entendu parler de l’indigo. A l’origine, l’indigo provient de l’Indigofera, de la famille des haricots. Le véritable indigo est un colorant végétal et non un processus de coloration synthétique. 

Le retour de la teinture végétale

Depuis quelques années, la teinture végétale a timidement - mais sûrement - regagné en visibilité : la clientèle s’inquiète de l’impact écologique des teintures issues de la pétrochimie ainsi que de leur impact sur la peau ou la santé, des marques de mode se lancent le défi de proposer des lignes de vêtements teintés végétalement, la valorisation de savoir-faire ancestraux reprend à nouveau une place de choix. Et pour cause…
Les colorants qui composent les teintures synthétiques contiennent des métaux lourds, du formaldéhyde et des phtalates entre autres, qui peuvent affecter la santé de celles et ceux qui produisent ces vêtements ainsi que de ceux qui les portent : perturbateurs endocriniens, augmentation des risques de cancers et autres impacts importants sur le long terme. Du côté de l'environnement, ce sont chaque années environ 50 000 tonnes de produits qui sont rejetés dans la nature, polluant massivement les cours d’eau et détruisant les écosystèmes. Il ne s’agit que d’exemples cités. En réalité, les conséquences de l’utilisation des teintures synthétiques sont désastreuses tout au long de la chaîne. Afin de mieux comprendre l’impact des colorations synthétiques sur le Vivant, le document River Blue est une excellente source. 

Un savoir-faire vraiment responsable 

Une teinture naturelle

La teinture végétale est une méthode de teinture des textiles 100% naturelle : à partir de plantes, de fruits et de minéraux, des concoctions vont produire certaines couleurs, qui serviront à teindre les textiles. Les ingrédients utilisés sont biodégradables et donc non-nocifs pour l'environnement.
Les teintes vont des marrons aux bleus en passant par des roses, des jaunes ou des rouges. Par exemple, cette saison, plusieurs de nos modèles sont fabriqués dans une toile de coton biologique, teintée dans un coloris appelé Brazil Brown. Réalisé à partir de Garance (la plante dont nous vous parlions plus haut) ainsi que d’une fleur originaire d’Inde, appelée Woodfordia Fruticosa, et d'un ajout de fer et de sel de mer. 
La palette de couleur peut sembler moins vibrante qu’avec des teintures chimiques, mais elle offre malgré cela un panel d’exploration très large. Par combinaison d’ingrédients ou de dosages et selon leur utilisation sur différents types de textiles ou en impression, les teintures végétales proposent de beaux résultats.
Lorsque nous choisissons un coloris, nous ne savons pas quel sera exactement le résultat. Cela peut varier d’une matière à l’autre, d’autant plus que la teinture végétale est moins prévisible que la teinture chimique. Notre rôle, en tant que designer ? Savoir s’adapter à la matière et au résultat de la teinture, pas l’inverse. C’est une autre manière de penser le vêtement qui nous permet d’apprécier d’autant plus les surprises que nous offre la Nature. 

Remettre du sens dans le vêtement

La valorisation d’un savoir-faire ancestral ne participe-t-elle pas à l’idée de remettre du sens dans le vêtement ? C’est en tous cas ce que nous croyons et défendons.
Trouver la bonne teinte demande patience et rigueur. Parfois, il se peut que nous soyons surpris.es par les résultats qui, selon les matières, vont différer. C’est ce qui en fait aussi sa beauté ! Quoiqu’il en soit, teinter végétalement un tissu demande nécessairement du temps et du savoir-faire. Ce qui demande aussi de savoir s’y adapter, en tant que marque et cliente. 

S’adapter à la teinture végétale

Un tissu teinté végétalement demande plus de soin qu’un tissu teinté synthétiquement. Pour KIND STUDIO, c’est aussi une manière de consommer de manière plus responsable, puisque cela participe à une vraie appréciation et un vrai soin de ce que l’on possède.

Une coloration qui évolue avec le temps

Lorsque l’on possède un vêtement dont le tissu est teint à l’aide de plantes tinctoriales, il faut avoir conscience que sa couleur évoluera certainement avec le temps. Cela ne veut pas dire qu’elle disparaîtra mais qu’elle  se patinera. Un rouge ne sera peut être pas aussi vif, quelques mois ou années après votre achat. Pour nous, c’est ce qui fait aussi sa beauté : accepter que ce vêtement tant aimé change en nous accompagnant. La façon dont il évoluera et se patinera le rendra unique et spécial. Aussi, la couleur pouvant légèrement dégorger au départ, il faudra faire preuve d’un soin particulier lors des lavages.

Un textile dont il faut prendre soin

Réduire le rythme des lavages pour préserver le tissu, privilégier le lavage à la main, et si en machine sur l'envers et en mode “délicat”, jamais à plus de 30 degrés, sécher à l’air libre, éviter de surexposer son vêtement au soleil - quelques règles essentielles pour prendre soin de ses vêtements et le garder longtemps. Qu'ils soient teintés végétalement ou non d'ailleurs ! Vous retrouverez ici le guide d'entretien détaillé pour la teinture naturelle.
Chez KIND STUDIO, en plus des impacts environnementaux et sociaux positifs de la teinture végétale, ce qui nous séduit, c’est aussi le fait de prendre soin de son  vêtement, de le voir se patiner et changer un peu, de l’aimer toujours. C’est redonner de la valeur à celui-ci par la patience qu’il demande et l’acceptation de son évolution dans le temps. Parce qu’il est précieux, ce vêtement sera certainement réparé, transmis et préservé - tout comme l’art de la teinture végétale. 

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